Tous ces lieux de culte, ces monastères, ces châteaux que nous avons visités, tous ces objets qui y sont conservés après avoir traversé les péripéties des années et des siècles, nous donnent matière à scruter le passé. De surcroît, si les conférenciers et les guides du cru nous y aident, et ce fut le cas, toutes les conditions sont alors réunies pour nous approprier la beauté et la richesse de ce patrimoine d’art et de culture et nous permettre une meilleure compréhension de l’Histoire. C’est que ces œuvres d’art ne sont pas là que pour la décoration, mais nous livrent mille détails qui nous invitent à lire le passé.
Mais, qu’en est-il des synagogues où l’iconographie exclut toute représentation humaine ? Car, en effet la tradition juive conserve la crainte de la tentation idolâtre. L’illustration existe néanmoins, mais seulement sous forme verbale, la métaphore étant préférée à l’allégorie picturale, le langage biblique à sa représentation figurative. C’est ainsi que nous trouvons fréquemment peints ou sculptés dans les synagogues des versets ou seulement des fragments de versets bibliques qui évoquent pour le fidèle bien des choses présentes dans la liturgie. Comment ces versets ont-ils été choisis ? Sont-ils, à l’instar de la conception et de l’architecture des édifices, en relation avec l’histoire des communautés qui les ont construits en leur temps ? Il y a peu de risque à répondre par l’affirmative.
Attachons nous à un détail présent dans chacune des trois synagogues visitées : Cavaillon, Amsterdam et Strasbourg :
À l’opposé, la communauté juive d’Amsterdam au 18ème siècle est florissante et prospère. Elle est issue de ceux qui, deux siècles plus tôt ont été contraints de se convertir au christianisme, et qui ont gardé cette apparence pendant plusieurs générations. Leur fierté ne sera totalement recouvrée que quand ils retrouveront complètement la religion de leurs ancêtres. Le travail est immense et nécessite des moyens. Or, en s’enrichissant les tentations sont grandes de s’éloigner de ses valeurs spirituelles. En pénétrant dans la plus grande synagogue du monde, le fidèle peut lire une allusion au psaume 5 verset 8 : « et moi, grâce à ta grande bonté, j’entre dans ta maison… (Et je me prosterne dans ton saint temple, pénétré de ta crainte ; Dirige moi vers ta justice) » L’édifice est riche mais austère voir sévère, l’atmosphère y est stricte. Le fidèle y puise les ressources spirituelles qui le dirigeront par le droit chemin dans sa vie religieuse et dans sa vie profane.
On perçoit la similitude des situations.